L’HEURE EST A LA TRANSITION AGRO-ECOLOGIQUE !

Un virage s’est amorcé avec la prise de conscience de l’intérêt de considérer le fonctionnement des écosystèmes comme gage de pérennisation des exploitations et des ressources naturelles. Il s’agit entre autre de favoriser un meilleur recyclage des matières organiques et de tirer profit de la diversité des sols et des milieux.

Dans cette perspective, le paysage joue un rôle déterminant : la disposition et l’organisation des infrastructures qui le composent (haies, bandes enherbées, marécages…) détermine notamment les flux d’eau et de nutriments, de contaminants, de sédiments ou de micro-organismes qu’elle transporte. Le paysage devient alors le support d’un ensemble de fonctionnalités, en premier lieu l’auto-épuration des eaux et l’équilibre au niveau des nutriments. C’est sans compter l’incidence économique pour la société : une eau de qualité une meilleure maîtrise des risques d’inondations ou de perte de biodiversité…

Or, peu d’outils portent sur la diversité d’organisation des paysages et sa traduction en termes de fonctionnalités. Pour Jean-Marie Vinatier, responsable du service d’appui à la recherche, l’innovation et le développement à la Chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes,Le paysage est, pour l’essentiel, un objet qui échappe aux constructions collectives, c’est la résultante d’une somme d’actions, de choix individuels qui, au final, aboutissent à une propriété d’ensemble ».

DU PAYSAGE A SES FONCTIONNALITES

Une approche différente des processus humains ou naturels structurant l’organisation des paysages est proposée, une approche du fonctionnement hydrique et des fonctionnalités qui en découlent. Il s’agit de développer des connaissances innovantes pour l’analyse et le référencement des paysages, avec des déclinaisons opérationnelles portant sur la fabrique du paysage, le paysage et l’eau et les fonctionnalités liées aux mouvements d’eau.

Un paysage ça se fabrique !

« Les paysages ne sont pas stabilisés ; ils évoluent au cours des saisons, d’une année sur l’autre, en lien avec les calendriers agricoles et les rotations de cultures. Ils peuvent aussi être réorganisés en réponse aux évolutions du contexte socio-économique et aux restructurations du tissu d’exploitations qui peuvent s’opérer » nous précise Dominique Trévisan, coordinateur du projet.

« Tip-top a pour ambition de développer une interface informatique pour décrire et simuler ces évolutions. Celle-ci favorisera l’échange de points de vue, les interactions entre porteurs de projets ; elle apportera une vision dynamique de l’évolution paysagère et aidera à positionner des projets de territoire sectoriels ou collectifs. »

Et l’eau dans tout cela ?

Dans l’approche proposée par TIP-TOP, les transferts de matière sont liés à deux fonctions élémentaires associées au paysage :

  • d’une part une fonction de production, relative à l’introduction de matières qui peuvent être véhiculées par l’eau (nutriments, contaminants…). Elle est renseignée par des descripteurs des pratiques (de fertilisation, de coupe, de travail du sol…) ;
  • D’autre part une fonction de transfert, donnant les temps de séjour des matières introduites dans l’espace paysager. Cette fonction est déduite de modèles de circulations d’eau (modèles hydro-pédologiques) et de comportement des matières en mouvement (modèles biophysiques). Les éléments peuvent par exemple être stockés ou au contraire déstockés, transformés…

Fonctionnalités paysagères liées à l’eau

En travaillant sur la fabrique du paysage et les transferts d’eau, un corpus d’informations devient disponible, relatives à des dynamiques :

  • lentes, par exemple le changement d’affectation des usages, les successions culturales ;
  • rapides, par exemple la percolation ou les ré-équilibrages biophysiques.

Tip-top cherche à mettre en perspective ces informations et référencer les liens entre l’organisation des paysages et les circuits de matière. Comment le paysage peut alors renforcer les différentes fonctions liées aux réserves en eau et leur qualité, à travers notamment des fonctions épuratives, du potentiel tampon du paysage vis-à-vis des contaminants et enfin au maintien des habitats et de la biodiversité qu’ils recèlent.

DES GROUPES DE SAVOIRS LOCAUX… POUR SAVOIR

Tip-Top fait appel aux démarches de modélisation participatives, mettant à contribution les agriculteurs et autres usagers du territoire pour construire une base de connaissance sur les règles de décisions qui régissent l’organisation et l’utilisation des paysages. Ces connaissances sont traduites en objets informatiques et viennent documenter des fonctions de production et des fonctions de transfert.

La construction des modèles s’opère sur trois sites pilotes, trois paysages radicalement différents. Outre l’aspect visuel, les variantes touchent surtout à la nature des circulations d’eau (en surface ou en profondeur) et des transports d’éléments (dilué dans l’eau ou en suspension). Les trois sites :

  • le bassin versant du lac d‘Aiguebelette, en Savoie,
  • le val de Méaudre, en Isère
  • le secteur maraîcher de Miribel, dans l’Ain.

Partant des modèles obtenus, Tip-top proposera des simulations sur une variété de paysages régionaux pour référencer ces derniers par rapport à leur aptitude à produire et transférer de la matière.